Conseil oral probatoire

Voici quelques conseils pour l’examen probatoire du CNAM, qui vous permettront peut-être d’éviter les écueils les plus fréquents.

Le sujet :

 

Votre première obligation consiste à traiter le sujet, rien que le sujet, et tout le sujet. Il faut donc l’analyser mot par mot, et dans le corps de votre exposé rentrer le plus vite possible dans le cœur du problème après en avoir brièvement défini les termes si nécessaire.

 

Exemple fictif : imaginons le sujet suivant :

« la gestion des tests logiciels dans les bases de données orientées objet »

 

La tentation est toujours très forte de passer la moitié du développement à définir et évoquer la gestion des tests logiciels (recopier un livre sur les tests logiciels), puis dans la seconde partie évoquer les bases de données orientées objet (recopier un livre sur les bases de données orientées objet). Enfin, tenter de combiner les deux sujets à la sauvette dans la conclusion ou un court addendum à l’exposé.

 

Si vous tentez cette méthode, à savoir « tourner autour du pot » le plus longtemps possible pour ne pas entrer dans le sujet ou bien l’aborder « à la sauvette », vous avez quasiment la certitude de ressortir du probatoire avec une note sous la moyenne. Si votre exposé est moyen et hors sujet vous aurez 4 ou 5 sur 20, si votre exposé est brillant et hors sujet vous aurez 9 sur 20, mais dans tous les cas vous n’aurez pas la moyenne et vous devrez repasser le probatoire.

 

Bref, le but du jeu est de rentrer le plus vite possible dans le sujet, dans son intégralité. Dans le cas ci-dessus, il faut définir les termes du problème rapidement :

  • Qu’est-ce que la gestion des tests logiciels ?
  • Qu’est-ce qu’une base de données orientée objet ?

puis consacrer au moins la moitié du développement de votre exposé et de votre rapport au sujet, à savoir la conjonction des deux éléments – par exemple si vous appliquez la règle des 12 transparents (lire ci-dessous) vous pouvez obtenir un découpage à l’oral qui ressemble à

  • 2 transparents pour définir « la gestion des tests logiciels »
  • 2 ou 3 transparents pour définir ce qu’est « une base de données orientée objet »
  • 5 ou 6 transparents (environ 50%) sur le sujet
  • le reste pour l’introduction, la conclusion/les perspectives, etc.

 

Si vous adoptez cette recette simple, vous limitez grandement les risques de « casse », car dans le cas où votre exposé serait centré sur le sujet et passable vous pouvez en ressortir avec 11 (ou 10 si vous êtes médiocre) et si vous êtes brillant vous pouvez décrocher 16 ou 18.

 

Conclusion : le hors-sujet, même brillant, conduit à devoir repasser le probatoire.

 

Le rapport :

 

Il vous est demandé un rapport écrit d’une trentaine ou quarantaine de pages environ. Cela ne signifie pas qu’il faille exactement ce nombre de pages bien sûr, mais cette recommandation permet d’éviter les excès, aussi bien les rapports squelettiques de 15 pages que ceux qui sont interminables (100 pages) par exemple.

 

La forme du rapport est aussi importante que le fond.

 

Sur la forme :

On s’attend généralement à une introduction, une conclusion, une bibliographie et un plan

 

Faites attention à l’orthographe – utilisez le correcteur orthographique et/ou grammatical de votre logiciel favori. Lire une faute d’orthographe toutes les deux lignes détourne l’attention du correcteur du fond du problème que vous abordez.

 

Si vous avez énormément de mal à produire un rapport selon les règles de l’art, n’hésitez pas à le faire relire par l’un de vos proches de façon à améliorer la forme.

 

Citez systématiquement vos sources, par exemple l’origine de chaque chiffre ou graphique que vous citez. Citer ses sources permet de gagner en crédibilité et indique une certaine rigueur de votre part, et montre l’étendue du travail de recherche bibliographique que vous avez pu fournir. On ne s’attend pas à ce que vous inventiez tout seul 35 pages sur un sujet dont vous ne connaissez rien a priori, mais bien au contraire à ce que vous produisiez un travail de synthèse sur la littérature existante sur ce sujet.

 

Il doit y avoir un minimum de cohérence et de structure dans le rapport. Evitez de faire une collection « fourre-tout » pêle-mêle mélangeant 35 pages de données diverses et variées sans rapport les unes avec les autres et sans logique dans l’exposé. On vous demande un travail de synthèse et non de collectionner des phrases techniques.

Sur le fond :

 

Le probatoire consiste à prouver que vous êtes capables de vous « imprégner » d’un sujet qui vous est totalement inconnu a priori dans un délai court (6 semaines). On ne vous demande donc pas de devenir des experts du sujet en un temps aussi court, mais au contraire de fournir un travail de compréhension raisonnable en un tel délai, c’est-à-dire que vous avez pu analyser le sujet, comprendre les enjeux et avancer dans le problème, le tout avec une approche technique telle qu’on peut l’attendre de la part d’un futur ingénieur en informatique.

 

Par exemple, pour un sujet fictif tel que « Le DataMining », on s’attend à une approche technique du problème, exposant en particulier :

  • Qu’est-ce que le DataMining ?
  • Les différentes méthodes de DataMining (exposé technique)
  • Limites du procédé

 

En conclusion de votre travail de recherche de 6 semaines, on peut s’attendre à ce que vous puissiez préconiser telle ou telle méthode de DataMining en fonction d’une source de données à analyser. Lors de la partie questions/réponses de l’exposé, un examinateur pourra vous citer un exemple tel que

  • La position (X,Y) d’un caddie dans un supermarché en fonction du temps
  • Les variables d’une centrale nucléaire

et vous demander laquelle des méthodes que vous avez exposées serait la plus appropriée pour traiter ces données, et pourquoi. C’est là un premier travail de synthèse qui montre que vous avez pu assimiler le sujet.

 

Votre travail doit être technique, c’est une version allégée du mémoire d’ingénieur que vous serez amené à rédiger plus tard. Survoler un sujet en recopiant des annonces de presse d’un constructeur informatique ou d’un éditeur de logiciel sans rentrer dans les détails techniques sera sanctionné. On s’attend de la part d’un étudiant au département informatique et peut-être futur ingénieur à un niveau de technicité plus élevé que ce qui peut être trouvé en général dans un article de la presse informatique grand public.

 

Inversement, on ne peut pas s’attendre à ce que vous soyez devenus un expert du sujet en 6 semaines. Il est probable de toute façon que la moitié des membres du jury ne soit pas spécialiste du sujet que vous allez aborder. Si vous démarrez immédiatement votre exposé sur des querelles d’expert, vous allez « larguer » la moitié du jury qui ne connaît pas le sujet, et « perdre la bataille » avec l’autre moitié, qui connaît le sujet à fond depuis bien plus longtemps que vous, donc vous ne pourrez pas soutenir une telle discussion sur des problèmes aussi spécialisés.

 

La bonne approche consiste donc à produire un exposé didactique, une sorte de « mini-cours » introductif permettant aux personnes connaissant peu ou pas du tout le sujet d’acquérir quelques connaissances techniques sur la problématique concernée.

 

Enfin, vous devez impérativement comprendre et être capable de justifier chacune des phrases que vous rédigez dans votre rapport. Si vous recopiez de la littérature spécialisée une affirmation polémique ou discutable techniquement, vous pouvez vous attendre à ce qu’un membre du jury la cite et vous demande des éclaircissements ou de justifier votre prise de position. Si vous n’êtes pas capables d’expliquer ou de justifier ce que vous avez écrit, cela prouve que vous n’êtes pas l’auteur du rapport et donc vous serez presque systématiquement recalés. N’écrivez jamais dans le rapport une phrase que vous ne comprenez pas !

L’exposé oral :

 

Vous avez 20 minutes pour présenter une synthèse de votre travail. Cet exposé est suivi de 20 minutes de questions du jury, puis il vous sera demandé de quitter momentanément la pièce pour permettre au jury de délibérer afin de vous attribuer une note.

 

L’expérience montre que les 20 minutes d’exposé ne permettent de présenter que 12 transparents « remplis de façon standard », c’est-à-dire avec 5 ou 6 lignes par transparent maximum, et en utilisant les polices par défaut d’un logiciel tel que PowerPoint. En effet il faut environ 1 minute 30 secondes pour exposer chaque transparent, en moyenne.

 

Si vous arrivez avec 20 transparents, il est certain que vous ne serez qu’à la moitié de votre exposé lorsque le jury vous interrompra pour les questions, au bout de 20 minutes. Il n’est pas possible de déborder sur l’horaire car il y a d’autres candidats derrière vous, et de plus certains des examinateurs doivent partir sans faute à l’issue des délibérations car ils enseignent un cours juste après.

 

Le but n’est pas non plus de pervertir la règle des 12 transparents en les truffant de détails au format « timbre-poste » et en utilisant des polices de caractères de taille microscopique. Il vous est demandé de faire preuve de synthèse.

 

Si vous le pouvez, vous pouvez également imprimer vos transparents et les amener en 3 exemplaires pour que le jury puisse suivre plus facilement. Cela vous fournit de plus une sécurité au cas où le projecteur tomberait en panne.


Ne lisez pas ! Cela rend la présentation insupportable pour le jury. En fait, si vous lisez un papier pendant l’exposé oral, vous serez probablement interrompu par le président du jury dès le début et on vous demandera de mettre de côté vos notes et de faire une présentation en regardant le jury et le contenu des transparents que vous projetez au tableau. L’expérience prouve que cela rend l’exposé infiniment plus vivant, et cela « sauve » des candidats qui n’auraient pas eu la moyenne si on les avait laissé lire leurs notes.

 

Bon courage !

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